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Si j’étais un rêve… - Par: Ibrahim El Ali

Si j’étais un rêve
Je serais mon pays de lait et de miel en Paix…

Si j’étais un animal, je serais une tortue pour porter ma maison, et revenir à chaque saison dans mes plages du sud à Al-Mansouri pour y pondre les fruits de ma destinée
Si j’étais un vent, je serais le Zéphyr soufflant dans les vallées des cœurs en exil
Si j’étais un arbre, je serais le cèdre comme Assur à la belle ramure, à l'ombrage touffu, d'une hauteur superbe, et ayant sa cime dans les nues.

Si j’étais une prière, je serais la plainte des trois cents pères martyrs de la muraille de cristal
Si j’étais une voix, je serais la gorge de Wadih Al Safi chantant la nuit de constellations d’yeux noirs
Si j’étais un plat, je serais de la viande pilée par ma mère avec du cumin, et l’odeur de petites roses
Si j’étais un poète, je serais Khalil Gibran pour donner des ailes à ma voix et changer mes murmures en chansons.
Si j’étais une montagne, je serais le Mont Hermon cet endroit où le prophète Moïse lui-même suppliait son Seigneur : laisse-moi passer de l’autre côté que je vois ce merveilleux pays, cette belle montagne.

Si j’étais un Port, je serais le port de Byblos, pour donner de ma chair les premiers papyrus où allaient s’écrire la Sainte Bible, et de mon sang, les premiers navires qui allaient sillonner les rêves de l’humanité
Si j’étais un Mythe, je serais la princesse Europe fille d’Agenor , roi de Tyr, ou Elissar la princesse qui fonda Carthage et servir de pont entre les deux rives de la méditerranée.
Si j’étais de la monnaie, je porterais le nom de Livre, pour montrer que l’argent n’est qu’un lien et un partage entre les Hommes et non un outil de pouvoir.
Si j’étais un fleuve, je serais Nahr Ibrahim, fleuve d’amour né des pleurs d’Aphrodite à la mort d’Adonis. 
Si j’étais une vallée, je serais la vallée de Qannoubine, cet endroit où le ciel semble déposer ses larmes, et qui garde encore la fraîcheur des sentiers empruntés par les premiers pèlerins de l’Amour.

Si j’étais une femme je serais Fayrouz , pour éclairer chaque étoile d’orient des parfums de nos montagnes , et de envoûtement des murmures du ney dévoilant les secrets de l’existence.
Si j’étais un prophète, je serais Jonas pour visiter le ventre de la baleine et sillonner les océans dans les entrailles de la vie, avant de mourir dans un rivage de la côte de Damour pour me souvenir de ses martyrs...
Si j’étais un oiseau, je serai un pélican regardant la conscience sombre des chasseurs en leur demandant s’ils savaient ce qu’ils faisaient ….

Si j’étais un fruit, je serais le fruit du figuier ou de l’olivier
Si j’étais une grotte, je serais la grotte de Canna pour renouveler chaque jour les miracles de l’Alliance. 
Si j’étais un drapeau, je porterais la couleur du sang de nos martyrs et plantée sur le ciel de mon cœur , la sève de notre cèdre en pleur.
Si j’étais une larme, je serais celui de mon amie Rita Manoukian Dujardin qui pleure de joie de marier son fils dans la tradition de ses ancêtres..
Si j’étais un pays, je serais Le Liban.

Les rêves coulent comme un fleuve tranquille....Rien ne peut les empêcher de rejoindre l’Océan de notre Âme sur le chemin de l’Amour…
Bâtissons ensemble nos arbres de vie….et reverdissons notre pays!


Photo credit: Rasheed-photography.com

* Ibrahim El Ali (Paris, France)
http://fondation-elali.blogspot.fr/